Le chef de la mission de l’ONU au Mali (MINUSMA), El Ghassim Wane, a réclamé mardi au Conseil de sécurité les moyens nécessaires pour assurer son mandat au Mali. Selon lui, la situation sécuritaire reste volatile dans plusieurs régions où ses actions de la MINUSMA subissent des « restrictions » de la part des autorités de la transition.
El Ghassim Wane était devant le Conseil de sécurité des Nations-Unies, pour solliciter plus de moyens nécessaires à l’accomplissement de son mandat. Selon lui, le Mali vit « une situation sécuritaire, humanitaire et des droits de l’Homme très difficile ». « La situation sécuritaire reste volatile dans le centre du Mali et dans la zone des trois frontières Mali-Burkina Faso-Niger », a-t-il ajouté.
Cependant, au moment où se tenait cette rencontre à New York, quatre nouveaux Casques bleus ont été tués par un engin explosif improvisé. C’est dire, que la situation reste préoccupante malgré les efforts. « Nous utilisons nos ressources de la manière la plus créative et flexible possible », mais la « détermination » des Casques bleus sur le terrain « ne peut pas remplacer les moyens dont nous avons désespérément besoin », a-t-il encore insisté, décrivant un « environnement opérationnel difficile ».
Restrictions de mouvements
Le rapport du secrétaire général, Antonio Guterres, examiné lors cette réunion souligne notamment les « restrictions de mouvements et d’accès » rencontrées par la MINUSMA, la plupart imposées par les autorités maliennes, ainsi que des « campagnes de désinformation » contre la mission.
De son côté, l’ambassadeur français Nicolas de Rivière, évoquant les actions des groupes terroristes et les « entraves aux activités de la mission » estimant que « la MINUSMA est en danger ». « Nous comptons sur l’esprit de responsabilité des autorités de transition pour ne pas précipiter un départ dont les Maliens seraient les premières victimes », a-t-il ajouté, réclamant une « coopération pleine et entière » du Mali.
Cependant, Antonio Gutteres – qui doit présenter d’ici janvier prochain des propositions sur des évolutions possibles de la mission – avait noté en septembre la nécessité de trouver des « solutions nouvelles » pour la MINUSMA. Rappelons également, qu’en juin dernier, le Conseil de sécurité a prolongé d’un an son mandat jusqu’au 30 juin 2023 ; mais pour la première fois sans le soutien aérien de la France qui s’est totalement retirée du Mali après les tensions que chacun sait. La MINUSMA prévoit à ce stade le maintien des effectifs actuels (13.289 militaires et 1.920 policiers).
Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop a fait savoir que « contrairement à ce qui est véhiculé, il n’existe aucune volonté de restreindre les mouvements de la mission ». Il a laissé entendre que son pays a la « volonté d’affirmer notre souveraineté sur notre territoire ». En ce qui touche l’avenir de la Minusma, la priorité du Mali est à son « recentrage » sur le « fondement de sa présence au Mali, notamment l’appui à la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire ».
Bamako maintient ses accusations contre Paris
La session d’urgence réclamée par le Mali – par lettre en date du 15 août 2022, dans laquelle il accuse la France d’aider les groupes terroristes opérant sur notre territoire, en leur fournissant des « renseignements, armes et munitions » – s’est finalement invitée dans la réunion du Conseil de sécurité.
Le ministre a, une fois de plus, réclamé une session spéciale du Conseil de sécurité sur les agissements de la France, qu’il a accusée de « violations répétées de l’espace aérien » malien, « de duplicité, d’espionnage et de déstabilisation ». «Je ne vais pas aller dans le détail pour répondre aux déclarations qui ont été faites par le représentant de la France. Mais, je crois que sa prise de parole justifie, encore une fois, la session que le Mali a demandée pour pouvoir présenter ses éléments (preuves). Parce que nous n’avons pas eu l’occasion de les présenter. Puisque la France a commencé à répondre, je souhaite qu’elle donne son accord pour que nous puissions avoir cette session dans le plus bref délai », a déclaré Abdoulaye Diop, ajoutant : «L’État malien amènera à la face du Conseil de sécurité et du monde les preuves concrètes et tangibles que nous mettons en avant. Il y va de la crédibilité du Mali. Et notre pays n’a pas fait ses déclarations à la légère. Et nous savons que ce sont des accusations extrêmement graves, pour lesquelles nous mettons en jeu la responsabilité et la crédibilité de l’État malien. Donc, je souhaite que la France soit maintenant porteuse de cette demande pour que la réunion spéciale puisse avoir lieu ».
« Le Mali dénonce la guerre par procuration qui lui est imposée tout comme les manœuvres et les entraves à la tenue de cette réunion spécifique pour la manifestation de la vérité », a insisté le ministre Diop, qui présentait le mémorandum du gouvernement de la transition suite à la publication du rapport trimestriel du Secrétaire général des Nations unies sur la situation politique, sécuritaire et humanitaire au Mali.
« Le Mali se réserve le droit de recourir à la légitime défense si la France continue de porter atteinte à la souveraineté de notre pays, à son intégrité territoriale et à sa sécurité », a conclu Abdoulaye Diop.
Des accusations rejetées en bloc par l’ambassadeur français Nicolas de Rivière. «Je regrette profondément les accusations graves et infondées portées contre la France de manière répétée par les autorités de transition malienne », a réagi le représentant permanent de la France aux Nations unies, Nicolas de Rivière.
« Je rappelle que la France s’est engagée pendant neuf ans aux côtés du Mali à la demande de ce pays pour combattre les groupes terroristes et que 59 soldats ont payé le prix de leur vie dans ce combat », a ajouté le diplomate français, soulignant que son pays n’a « jamais violé l’espace aérien malien ».
La question qu’on se pose alors : Pourquoi la France refuse-t-elle la confrontation ?
Binadjan Doumbia
Source Malikilé