De plusieurs morceaux de musique maliens qui résistent encore dans le temps et qui sont scandés sur les ondes de la radio et télévision malienne, celui-là reste un générique indélébile : WANA NI CINIDI (l’Appel).
L’œuvre musicale date de 1970. Signée un vieil homme de 92 ans aujourd’hui, Hamidou Maiga, le maestro de la chanson artistique malienne, originaire de Tombouctou.
Outre, ce besteller qui est écouté, apprécié et visité un demi-siècle après, le natif de Bobo Dioulasso, un jour de 1932, avait déjà eu l’inspiration pour composer une demie douzaine de chansons qui ont marqué les semaines régionale de Tombouctou et surtout nationales du Mali : Plan Quinquennal (1963) qui épousait le nouveau programme politique de Modibo Keita, père de l’indépendance du Mali ou encore Allahidou, la promesse de ces mêmes dirigeants (1966), peu avant la chute de leur régime.
À Tombouctou où ses parents l’envoient dès sa jeune enfance pour apprendre un métier, il devenait, naturellement, maçon, après un apprentissage de la redoutable corvée du transport de l’alhore, la brique calcaire extraite dans des carrières situées à plus de 15 Km de la ville.
Pour lutter contre l’ennui de son monotone trajet calcaire, Hamidou Maïga se confectionne un petit instrument de musique (le bidiga), et dès lors, la musique s’impose à lui comme un moyen d’être particulièrement heureux.
L’étape de séjour dans une autre partie du pays (Korientze) lui fait apprendre une guitare monocorde (le jourkele). Ensuite, il découvre à 20 ans l’harmonica lorsqu’il revient à Tombouctou, puis s’exerce dans les numéros d’acrobatie à vélo et découvre la photo par le truchement d’un photographe ambulant qui immortalise ses parades.
Il deviendra donc lui aussi photographe, en se payant un appareil à 15 000 F, avec la bénédiction d’un ghanéen qui lui fait apprendre les rudiments. On le voit alors à Korientze, Youwarou, Konna, Niafunke, Tombouctou.
Entre ces petits métiers, les troupes artistiques et culturelles se disputent ses services.
Hamidou Maïga était déjà un compositeur confirmé. Ses chansons (une cinquantaine) sont des classiques et les maliens les fredonnent encore. Mais d’autres retiennent les images de ses photos qu’ils gardent en souvenir perpétuel, lui-même s’installant définitivement à Bamako pour veiller sur 2 studios (Mystère et Sankore) dans les quartiers de Hamdallaye et Sogoniko.
Alpha Maïga
CCMACIH